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Graphiles
9 avril 2007

ô quotidien

Ô QUOTIDIEN

Décors : En France, il paraît, enfin surtout dans l’appartement, aussi dans la voiture, ou alors à l’extérieur … mais avec personne autour.

Époque : aujourd’hui qui ressemble à hier.

Les personnages :

Bernard Leroy : quarantaine accomplie

Cécilia Leroy : trentedeuxenaire

Les enfants : Alexandre, 5 ans ; Victoria 3 ans

Le public : témoin silencieux ou chuchotant, alternativement amusé ou scandalisé

Une voix off

Dimanche matin

7h52 – Tout le monde dort

Victoria : Maman. Maman. Maamaan !

Cécilia : Euh ! oui, dans cinq minutes ma puce.

Bernard : Bon, allez, lève-toi, sinon elle va couiner et moi j’ai sommeil. Je suis fatigué, je me suis couché à deux heures du mat’. Maintenant, je veux être tranquille.

Cécilia : Ben, qu’est-ce que t’as fait ?

Bernard : J’ai écouté les résultats des matchs, et après j’ai regardé la télé.

Alexandre : Maman, j’ai fait pipi dans mon pyjama.

Bernard : Bon alors, tu t’bouges ! , se tourne et se rendort.

Une heure plus tard. Hurlements.

Victoria : Maman, y a Aless a veut pas prêter e train.

Cécilia : Soit gentil, mon Alex, prête-lui ton train un petit moment.

Le petit refuse et se met à hurler.

Bernard : Bon, c’est fini ce bordel. Emmène-les acheter le pain. T’as voulu des gosses, alors maintenant tu t’en occupes. Et sors de cette chambre.

Monsieur Leroy au travail

Lundi. 10h05. Ets Leroy et fils. Plomberie – Zinguerie

Un bureau : ordinateur, téléphone, pile de dossiers.

La secrétaire, Mademoiselle Al Jaoui, frappe à la porte.

Isabelle Al Jaoui : Bonjour Monsieur Leroy. Je vous fais un petit café ?

M. Leroy : Oui. Euh ! oui. Bonjour Isabelle, vous avez pensé à téléphoner à Tuyolux ?

Isabelle Al Jaoui : En fait, le responsable du service livraison voulait vous parler ce matin. Je lui ai dit que vous le rappelleriez plus tard.

M. Leroy : Vous avez bien fait. Un sucre seulement dans le café. Il marque une petite pause. J’aime bien votre café, Isabelle.

A ce moment, entre Monsieur Lanterne, chef de magasin, après avoir frappé brièvement.

M. Lanterne : Bonjour, Monsieur Leroy.

M. Leroy : Bonjour, bonjour ! Alors, où en sommes nous avec les gouttières de Lopez.

M. Lanterne : Eh bien, justement, je venais pour avoir des nouvelles de Tuyolux. On n’a toujours pas été livré. C’est ennuyeux parce qu’on ne peut même pas poser les faîtages.

M. Leroy : Oui, oui, bien sûr. Je vais arranger ça. Et votre petite dame, comment ça va ? Bien. Le bébé aussi ? Bon, à plus tard.

Un voyant lumineux s’éclaire et déclenche une sonnerie du téléphone.

M. Leroy : Oui, Isabelle … Ah ! passez-le moi … Salut, tu vas bien ? Quoi ? Evidemment ! J’avais pas oublié le match, tu peux compter sur moi. On se voit vers midi pour s’échauffer aux pronostics. Oui, oui, je serai à l’heure, je me débarrasse d’un dossier et je saute dans mon carrosse. ! (voix réjouie et air radieux. )A tout à l’heure !

M. Leroy Père entre dans le bureau.

M. Leroy Père : Bonjour fiston. Tu m’as l’air en forme aujourd’hui. Ta sciatique t’a laissé, hum ! Dis-moi, où en est le chantier Lopez ?

M. Leroy : J’ai essayé de joindre Tuyolux. Je vais réessayer dans la matinée. Au fait, s’ils rallongent les délais de livraison, qu’est-ce que je fais ?

M Leroy Père : Dans ce cas, c’est moi qui m’en mêle, les sourcils froncés. On ne va quand même pas rater un chantier à cause d’eux, repart en saluant son fils.

11h45. M. Leroy souhaite bon appétit à sa secrétaire, referme le dossier Lopez, prend son attaché-case et se dirige sur le parking en direction de la SAAB.

A table

Mardi. Midi douze. M. Leroy est attablé, lit un magazine. Le couvercle de la casserole menace de tomber sous la poussée de l’eau bouillante. La porte d’entrée est ouverte par Cécilia. Les enfants suivent en riant.

Alexandre : Papa, Victoria est tombée dans la boue, c’était rigolo.

Victoria : T’as vu, Papa, les mains tout salies. Beurk ! Caca !

Cécilia : Bon, allez vous laver les mains tout de suite et dépêchez-vous.

M. Leroy : Et toi ? Tu pouvais pas te dépêcher au lieu de traîner au parc avec les gamins. Mais t’as vu dans quel état ils sont !

Cécilia se débarrasse promptement des commissions et mets le pain sur la table. Elle est encombrée, fait tomber le courrier au sol.

M. Leroy, n’a pas changé de place, pose dédaigneusement son dossier sur la table pour tendre des mains accusatrices vers sa femme :

Mais, regardez-la cette incapable ! Tu pouvais pas mettre les lettres dans ton panier, plutôt que dans ta poche ? Allez, donne-moi ça !

Cécilia se baisse pour ramasser.

Dans le public : Un vieux monsieur au deuxième rang ri 

On lui voit la culotte, hein, hein, hein !

Cécilia : Oh la la, tu pouvais pas arrêter l’eau avant qu’elle déborde ! Y en a plein la cuisinière maintenant.

M. Leroy : T’avais qu’à être là avant. A l’heure qu’il est, on devrait déjà en train de manger.

Les enfants reviennent, s’installent à table, réclament les pâtes promises depuis la sortie du supermarché.

M.  Leroy, décachète nerveusement une lettre estampillée SAAB : Putain, mais tu pouvais pas me le dire avant que j’ai reçu les enjoliveurs !

Cécilia, sert les pâtes : On mange mes chéris.

M.  Leroy : En plus, elles sont trop cuites. J’suis dégoûté !

Scène de ménage

Mercredi matin 9h45.

M. Leroy : Quoi ? C’est encore moi qui dois amener les gamins au centre d’éveil culturel ? Non mais, à quoi ça sert de travailler à temps partiel si tu peux même pas faire ça ?

Cécilia, une serpillière à la main : Tu sais très bien que je fais le ménage pendant qu’ils sont au centre.

M. Leroy : Eh, alors, ça t’empêche pas de les emmener. Combien de femmes peuvent se payer le luxe de vaquer leurs occupations pendant que les enfants s’amusent ? Ma mère n’a pas eu cette chance en tout cas.

Cécilia ; Les trajets aller-retour me font perdre du temps et la séance ne dure qu’une heure trente. De toute façon, le centre se trouve sur ton parcours jusqu’à la plomberie.

M. Leroy : Faire le ménage ! Faire le ménage ! Tu te moques de moi ? Il y a de la poussière derrière les meubles, les vitres sont sales et le linge est mal repassé.

Dans le public, une dame d’un âge : A moi aussi, il me disait ça.

Cécilia, coiffe et habille la petite : Personne ne t’empêche de m’aider.

M. Leroy : Je travaille, moi. Je suis fatigué.

Cécilia : Moi aussi, et … interrompue par son fils.

Alexandre : Maman, je t’avais dit de laver mon Pinpin.

M. Leroy : Même pas capable de faire plaisir à son fils. Je suis écœuré. J’aurais pas dû te faire des enfants. T’es vraiment une incapable.

M.  Leroy prend les enfants par la main, se dirige vers le vestibule et claque la porte

Le centurion

Jeudi 20h30. M. Leroy s’installe dans le canapé, prend la zapette et s’apprête à regarder une émission télévisée sur le thème de l’armée romaine, tandis que Cécilia couche les enfants.

M. Leroy : Bon, c’est fini ce boucan maintenant ? A cette heure là, ils devraient déjà dormir.

Cécilia, du fond de la chambre des enfants : Je leur raconte l’histoire.

M Leroy grommelle depuis le salon. Cécilia borde et embrasse ses enfants, puis revient s’installer dans le salon.

M. Leroy : Ah non, mais toi sur l’autre fauteuil, j’ai besoin de toute la place pour étendre ma jambe. Ma sciatique me lance.

Cécilia : Et hier soir sur les gradins, c’était confortable ?

M. Leroy : Laisse-moi écouter l’émission. De toute façon, ça ne t’intéresse pas, c’est pas pour toi.

Cécilia, sur un ton ironique : Ah oui, c’est vrai, j’avais oublié ton surnom « le centurion ».

M. Leroy, également ironique : Le tien c’était « Cosette », hein ? En tout cas, mes amis me respectent. Il y a en plein, qui me demandent des conseils et qui me font confiance.

M. Leroy regarde l’émission. Soudain, le bras en avant, il montre un graphisme à Cécilia.

M. Leroy : Ah ! Tu vois là, l’insigne !

Cécilia : Ben oui, je le vois, et alors ?

M. Leroy, indigné : Et alors ? Mais c’est l’insigne des centurions, le cep de vigne. Tu n’y connais rien, t’es vraiment nulle !

Cécilia reste interdite.

M. Leroy, poursuit : Remarque, ça ne m’étonne pas, quand je t’es connue tu ne connaissais même pas le prénom de Vermeer, un maître de la peinture. Heureusement que j’étais là pour te payer ta troisième inscription au concours d’agent du patrimoine, sinon tu serais encore secrétaire chez Tuyolux.

La petite appelle : Maman, j’ai soif.

Cécilia lui apporte un biberon d’eau. En revenant, elle retrouve M. Leroy qui commente les commentaires du présentateur.

M. Leroy : Voilà, c’est ça la civilisation romaine, de l’ordre, de la rigueur, pas de sentiment. Des gagnants, prêts à bâtir un empire. De l’architecture au millimètre près, des toitures efficaces !!

Cécilia : Moi, ce qui je préfère, c’est l’art romain, son raffinement.

M. Leroy : Le raffinement ? Tu sais même pas faire cuire des pâtes al dente. Tu as beau être d’origine romaine, tu n’y connais rien à part la salade.

Dans le public, fou rire général, renforcé par la boutade du gros monsieur dégarni :

Elle est bonne la romaine !

M. Leroy : Bon, allez, je vais enregistrer la fin de l’émission, je la regarderai demain soir. Ah ! non, pas demain soir, c’est vrai, il y a le match retour OL-OM. Alors samedi soir. Tu viens te coucher Cici ?

Cici : J’arrive.

En voiture

Vendredi après-midi. Promenade en famille, avant le grand match OL-OM.

Fou rire du public qui voit la belle SAAB (en carton pâte) ballottée par des vérins. Un décor alpestre, projeté en fond, défile en boucle derrière la voiture occupée par la famille Leroy. On entend l’enregistrement du vrombissement de la voiture, les cris des enfants.

Une voix off narre la scène :

La nausée de Alex s’annonce à des signes très sûrs : les routes en lacets qui font tanguer la

voiture, son regard où s’entrecroisent paraboles et hyperboles, les montées dignes du plus

beau Tour de France qui succèdent aux descentes vertigineuses, la moue sinusoïdale de sa

bouche dont les commissures sont relâchées comme un vieil élastique usé, la chaleur

accumulée à l’arrière, tout près du chien qui dégage une odeur de frichti, son visage perlé de

gouttes de sueur auquel répondent les sommets encore blancs et luisants des montagnes les

plus hautes, les effluves de purin qui restent inchangées depuis des siècles dans les campagnes

soucieuses du respect des traditions – ah, l’air pur ! – son derrière endolori par les angles

aigus des légos de la petite ( qui hurle pour les récupérer ), M. Leroy énervé par ce trajet

interminable – mais où se trouve donc l’aire de repos sur cette maudite route ? - et qui fume

plus que de raison, son petit gémissement perçu par maman qui demande timidement un

éventuel arrêt d’urgence, le freinage brusque qui assure la fin du calvaire de Alex : la

portière qui grince et … Blourg !

Un gros jet d’un liquide verdâtre a failli atteindre le premier rang. A partir du deuxième rang, on rit de plus belle.

SEXE

Samedi 13h00. Les enfants sont avec Mme Leroy Mère. Cici termine la vaisselle rapidement. M. Leroy entre dans la cuisine ; il semble pressé.

M. Leroy : Bon, tu actives, là ! Je vais pas passer mon après-midi à t’attendre pour aller acheter une commode chez IKEA.

Cici s’essuie les mains sur lesquelles elle met une crème adoucissante en même temps qu’elle enfile ses escarpins.

M. Leroy : Tiens, t’es pas mal fringuée aujourd’hui. Ca me donne des idées.

Cici, d’un air désabusé : Je vois.

M. Leroy : Eh bien, justement, on va se faire une petite partie de réjouissances avant d’affronter la foule du samedi après-midi. Allez, viens !

D’une main, il accroche Cici par les fesses et l’entraîne vers la chambre.

M. Leroy, dans un grand élan : Allez, on dirait qu’on serait dans un château, et tu serais ma servante, et là tu te pencherais, et je verrais ta culotte, et alors là tu me dirais de te fouetter, et puis aussi tu te mettrais en position cycliste, et après tu dirais « oui, je suis une salope .»     Les yeux hagards, il tortille Cici en tous sens. Elle finit par gémir.

Cici : Aie, tu me tires les cheveux avec tes coudes !

M. Leroy : Ah ! merde ! On peut rien faire avec toi. Il faut toujours que tu te plaignes. Et puis, tu bouges pas, un vrai bloc de marbre.

Cici, se redressant à grand peine : Tu es une vraie brute !

M. Leroy, excédé : Bon, allez, ça va ! Tu m’excites avec tes bas. Suce-moi.

Dans la salle, au fond à droite, un petit homme en costume gris demande à son voisin :

Tu crois qu’elle va s’exécuter ?

L’autre répond, sûr de lui :

J’espère bien, oui ! J’ai payé mon billet d’entrée au spectacle !

Ultime aventure

Quelques jours plus tard.

M. Bernard Leroy fils entre dans l’église soutenu par M. Roger Leroy père. Devant eux, le cercueil orné d’une couronne garnie d’un ruban funéraire sur lequel est inscrit :

A ma chère épouse. A notre maman chérie.

Le prêtre les accueillent. Ils s’installent au premier rang avec Mme Leroy mère et la cousine de la défunte. Il commence son sermon.

Dans le public, les uns questionnent, les autres répondent :

-         Comment est-elle morte ?

-         Elle était en train de mettre les commissions dans le coffre de sa voiture, quand la portière s’est refermée brutalement.

-         C’est le coup du lapin.

Le prêtre : Sois sans crainte, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Joie pour les cœurs qui cherchent le Seigneur.

Dans le public, on s’inquiète : Et qui va s’occuper des enfants maintenant ?

M. Bernard Leroy fils a du mal à détacher son regard du cercueil. Il est pâle, ne pleure pas.

Le prêtre : « amen, amen, je vous le dis : si quelqu’un reste fidèle à ma parole, il ne verra jamais la mort .« Notre Seigneur affirme ici sa mission de salut. Sa parole est parole de vie parce qu’elle préserve de la mort éternelle celui qui l’accueille et la fait sienne.

Le prêtre invite la cousine à prendre la parole. Emue, d’une voix faible, elle dit quelques mots de sa cousine, de son amour pour ses enfants, de son goût pour l’art, de ses qualités humaines.

Le prêtre fait une transition, renchérit sur le rôle de la mère de famille. Puis, il parle de l’amour entre l’époux et l’épouse.

Le prêtre : Béni soit le Seigneur qui fit pour moi des merveilles d’amour. Je dors, mais mon cœur veille. J’entends mon Bien-Aimé qui frappe. Ainsi, Dieu nous donne t-il notre pain quotidien.

Il se recueille et reprend : Prions ensemble. Notre Père qui es aux cieux, que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne, …

Le Notre Père est récité. Le rideau tombe.

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Commentaires
T
La page Tuyolux est à cette adresse : https://www.facebook.com/pages/Tuyolux/102441176763372<br /> <br /> et la photo :<br /> <br /> http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Tuyolux.jpg<br /> <br /> A aimer et à compléter.
T
"M. Leroy : Oui. Euh ! oui. Bonjour Isabelle, vous avez pensé à téléphoner à Tuyolux ?<br /> <br /> Isabelle Al Jaoui : En fait, le responsable du service livraison voulait vous parler ce matin. Je lui ai dit que vous le rappelleriez plus tard."<br /> <br /> <br /> <br /> Tuyolux était jusqu'en 1992 au 11 rue saint Sabin à Paris et vendait des tuyaux de Poêle en email. La société a disparue comme beaucoup de petit métier parisien !<br /> <br /> On peut voir une photo de sa facade sur la page de "la rue st Sabin".
V
C'est vrai, j'ai voulu dresser un portrait assez imagé à la manière reality-show. Seul le texte "en voiture" emprunte un tour plus narratif, un peu plus distant. Ce texte est d'ailleurs une version modifiée d'un des tous premiers textes de Graphiles dans le numéro 1 sur le thème "les vacances".<br /> Le féminisme n'est, hélas, pas dépassé du tout. Quand cessera donc la domination du petit robinet ?
S
J'ai enfin trouvé le temps de lire à tête reposée ta pièce. <br /> J'ai beaucoup aimé ta façon de "dessiner" ce foyer, un récit qui m'évoquait de façon assez étonnante certaines illustrations de Sempé. Ce dessinateur qui brocardait la société des années 60/70, avec ce trait léger et vif qui savait rendre beaucoup avec peu. Malheureusement, j'avais aussi l'impression de voir les images très contemporaines, elles, de ces familles filmées de nos jours, à travers ces émissions de télé confessions ou de psy-réalité sur ces couples qui ont des problèmes...<br /> Tout change, rien ne change. Hélas. Et la femme en fait encore les frais, bien que l'époque moderne voudrait le féminisme dépassé...<br /> Bref... Bravo encore.
V
Pour répondre à Thierry : Salo ou les 120 journées de Sodome, on est dans le ton !<br /> Oui, le public est bien vulgaire et voyeuriste, il pourrait tout aussi bien se trouver sur scène tant il ressemble par sa vulgarité aux personnages. Le public, témoin silencieux, n'intervient pas dans la scène représentée, ne change rien à cette vie, dont on sait déjà qu'elle est ratée. Au contraire, il la banalise, lui conférant ainsi une normalité implacable.<br /> Pour répondre à Sandra : J'ai failli écrire d'autres scènes comme "le courage de ma mère" et "la fortune de mon père", mais j'ai arrêté car cela aurait décidément été trop long. J'ai adopté l'écriture de tranches de vie avec un fil conducteur qui suit la semaine, et des événements connus que l'on retrouve (le match, la sciatique.Le vertige entre les actes est voulu, bien sûr, pour renforcer la brutalité de l'ensemble. La fin tragico-burlesque, que je ne l'ai malheureusement pas inventée, reprend un fait divers local.Elfriede Jelinek a une écriture grinçante à souhait. J'ai adoré "la pianiste", où les portraits de la mère et la fille sont taillés au vitriol.<br /> J'ai essayé d'annoncer sinon la fin du moins l'anéantissement de Cécilia, en lui faisant perdre progressivement son identité. A la fin, elle n'a même plus de surnom et est seulement désignée par le substantif "défunte". Son mari, par contre monte en grade, j'ai failli le nommer Monseigneur !<br /> Il y a aussi beaucoup d'autres choses que j'ai voulu faire passer dans les personnages et dans leur histoire, ce qui les a amenés à devenir tels qu'ils sont présentés.<br /> PS à Sandra :j'avais pensé à la couronne, pour laquelle j'ai mis trois rappels :)
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